Pour s’imposer dans le concret des nations, un pays doit impérativement se trouver une raison d’être. Certains brillent par leur artisanat, leur industrie, leur économie ou leur technologies, d’autres sont plus à vocation touristique, d’autres encore ont des ressources minières ou pétrolières. Mais le Liban?
Cité 72 fois dans la Bible, qualifié tantôt de “Suisse d’Orient”, tantôt de “Pays du miel et de l’encens”, célèbre pour son cèdre, son climat, son soleil et sa cuisine, connu pour ses sites archéologiques et ses villes antiques (Béryte, Sidon, Tyr, Baalbek…) et pour son people polyglotte, hospitalier et dynamique qui sillonne la planète, s’adaptant à toutes les civilisations, les cultures et les situations, il a cependant, une richesse insoupçonnée qui pourrait l’imposer d’une manière ferme et définitive comme pays du rapprochement des cultures, des religions et de la vie en commun.
Une grande richesse – Sa richesse, ce sont ses 18 communautés religieuses qui vivent ensemble, depuis des siècles, faisant le lien entre un Occident plus chrétien et un Orient plus musulman, à telle enseigne qu’on peut dire que dans chaque musulman il y a une part de chrétien et dans chaque chrétien une part de musulman, tellement ils se sont imprégnés de leurs cultures respective.
Cette richesse peut l’imposer en tant que ”pays laboratoire”, pays de dialogue et de convivialité par excellence, qui permettra à la civilisation de l’Amour de prendre son élan et se répandre dans toute la terre.
Le Liban, berceau de l’alphabet
Le sarcophage d’Ahiram, conservé au Musée National de Beyrouth, atteste que c’est à Byblos qu’a été créé, au XIe siècle avant J.-C, l’alphabet de vingt-deux lettres. Cette écriture phénicienne, diffusée par le légendaire Cadmus, fils de Tyr, s’est propagée jusqu’aux rivages de la Sardaigne et de Carthage. Elle sera même adoptée, au VIIIe par les Grecs , qui y introduisent les modifications nécessaires à la transcription de leur langue.
Il faut souligner le rôle du Liban comme trait d’union entre le monde arabe et l’Occident. Liban a été et est toujours un grand incubateur d’art et de culture.
Il y a six mille ans que l’Art phénicien fit son apparition à Byblos et à Tyr, avec la céramique, la verrerie, le bronze, l’or, l’argent, les bijoux sertis de pierreries…
Depuis Ennion de Tyr, les artistes se sont succédés sans interruption sur la terre du Liban, cette Terre de soleil, d’échanges entre l’Orient et l’Occident, creuset de plusieurs civilisations et religions, région aux mille légendes celles d’Europe, d’Adonis et de Baal.
Terre Sainte, peintres de fresques, auteurs de mosaïques, sculpteurs, pour ne citer que le sarcophage d’Ahiram 1er, roi de Byblos au XIIIe siècle avant J.C. avec ses superbes bas-reliefs et le premier alphabet phénicien.
“L’Art, c’est la plus sublime mission de l’homme, puisque c’est l’exercice de la pensée qui cherche à comprendre le monde et à le faire comprendre,” dit Auguste Rodin.
“La seule réalisation impérissable du travail et de l’énergie humaine, c’est l’Art.”
Beyrouth Capitale Mondiale du livre – Symbole culturel
Beyrouth, ville universelle, ville culturelle par excellence
Trait d’union entre Orient et Occident, le Liban “ce petit pays est si important” selon le mot de Metternich, a été le berceau de l’alphabet. Il a connu dix-sept civilisations et réunit aujourd’hui dix-huit communautés religieuses constituent ainsi un véritable “message”. “Le Liban, affirme l’écrivain Amin Maalouf, est un pari sur la diversité qui serait porteuse de richesse, de paix comme de liberté.” La capitale Beyrouth, l’une des plus anciennes cités de la côte libanaise, héberge au IIIè siècle, une école de droit qui rayonne au-delà des mers. Trois siècles plus tard, la ville est au centre du commerce de la soie. Mais c’est au XIX e siècle qu’elle devient un centre économique, administratif et culturel : des universités et des collèges s’y établissent, des journaux naissent. Considérée comme ”l’imprimerie du monde arabe”, Beyrouth a joué un rôle prépondérant dans la diffusion du livre en Orient. Havre de liberté pour les intellectuels du monde arabe, elle connaît une activité culturelle intense, réunissant aujourd’hui près de 400 éditeurs, plus de 350 journaux et périodiques, une dizaine d’universités réputées et une multitude de centres culturels. Beyrouth a prouvé qu’elle écrit, imprime et lit à la fois.
Beyrouth s’est unie au livre, le Liban à la créativité et l’homme à l’identité culturelle claire, un miroir qui reflète la nature et le degré de la civilisation du pays, Tout cela est une preuve supplémentaire que le Liban demeure un message de civilisation et du vivre en commun… Le Liban ne peut exister que sur les principes de la liberté, la démocratie, l’esprit civique.
« Ce Liban qui demeure attaché au développement. Aucune résurrection n’est possible sans le livre…»
On doit rappeler le rôle pionnier de Beyrouth: ville de l’ouverture, du dialogue, de la liberté, temple de la pensée et de la culture. Beyrouth est la capitale culturelle du monde arabe, un véritable tremplin qui donne un souffle nouveau à la culture. Le Liban est le pays du pluralisme culturel, de la civilisation du progrès, un pays ouvert au dialogue des cultures et des civilisations pour faire triompher les valeurs universelles de l’humanité.
Ali Cheaito, martie, 2018