Par Dan Stoenescu,
Ambassadeur de Roumanie en Tunisie
1918 est une année-clé de l’Histoire Millénaire de la Roumanie. La Grande Union de 1918 a été le procès historique à la suite duquel toutes les provinces peuplées par les roumains se sont unies sous l’égide d’un seul Etat-Nation, la Roumanie. La fin de la Première Guerre Mondiale, la chute des Empires Russe et Austro-hongrois, mais aussi la détermination du peuple roumain de vivre uni dans un seul état, ont mené à une succession d’événements capitaux.
La déclaration par laquelle la Bessarabie s’unit avec sa Mère, la Roumanie, a été adoptée le 27 mars de cette année cruciale. Cet événement a été le commencement du processus de formation de la Grande Roumanie. Le 28 novembre 1918, le Congrès Général de la Bucovine a voté pour l’union de la Bucovine avec la Roumanie.
Enfin, tous les regards des roumains se sont dirigés vers Alba Iulia où, le 1 décembre 1918, à la Grande Réunion Nationale d’Alba Iulia a été proclamée «la Résolution» sur l’union des provinces roumaines (la Transylvanie, le Banat, la Crișana et la Munténie) avec le Royaume de la Roumanie. Ce fut le moment crucial du processus de formation de la Grande Roumanie.
La Première Guerre mondiale a représenté une tournure inattendue dans l’histoire du monde, entraînant de profonds changements dans les relations internationales et socio-culturelles. Sur le plan humain, la Première Guerre mondiale, comme toute guerre, a été pour nous un drame multiple: soldats morts au front, familles abandonnées, etc.
Aujourd’hui, nous convenons tous que la guerre, classique ou sous ses différentes formes, est un drame qui doit être évité par la connaissance de sa propre histoire, par le pragmatisme et par la construction durable de la paix.
La Roumanie, dans ses nouvelles frontières (considérées comme un acte de volonté du peuple roumain) a adhéré aux valeurs d’équité, de tolérance et de respect de toutes les minorités nationales. L’État unitaire roumain a déployé des efforts considérables pour atténuer ou éliminer les conflits et actes de vengeance, offrant ainsi un modèle de tolérance et de respect des valeurs qu’elle défend de manière constante jusqu’à nos jours, à travers sa politique nationale et étrangère.
Notre pays a construit des liens économiques et culturels solides avec ses voisins, une cohérence et une crédibilité au sein de l’UE et de l’OTAN. Elle fait preuve d’une implication active dans le renforcement du projet européen, d’une économie dynamique et stable, d’un respect de normes strictes en matière de droits des minorités nationales. Nous sommes un État unitaire stable, cohérent et solide, qui se veut un élément de stabilité dans la région, ainsi qu’un acteur impliqué et respectueux des principes des relations internationales au niveau mondial.
Dans le contexte international caractérisé par des menaces asymétriques et une vulnérabilité aux risques multidimensionnels, la Roumanie apparaît comme un promoteur de paix, de justice et de développement à long terme, comme en témoigne son rôle constant de défenseur des droits de l’Homme, de l’État de droit, des valeurs de la démocratie et du droit international.
La célébration du Centenaire constitue un contexte privilégié pour mettre en valeur notre diversité culturelle, notre créativité artistique et notre lien avec l’esprit européen. Nous donnons ainsi au public l’occasion de nous redécouvrir, via notamment des futurs projets culturels (tels que « Timișoara, Capitale Européenne de la Culture »).
La Grande Union de 1918 a permis une évolution accélérée du pays sur la voie du développement et de la modernisation. Aujourd’hui, en tant qu’État membre de l’Union européenne, la Roumanie, a la possibilité de poursuivre le processus de développement et de modernisation en participant activement à la construction européenne. L’exercice de la présidence du Conseil de l’UE à partir du 1er janvier 2019 est une occasion pour la Roumanie de faire preuve de sa pleine maturité en tant qu’ d’Etat membre de l’Union Européenne.
Nous pouvons établir de nombreux parallèles entre la Roumanie et la Tunisie. Je tiens d’ailleurs à exprimer toute mon appréciation pour la manière dont les Tunisiens ont démontré leur capacité d’unité lors et après la Révolution de Jasmin. Cette année, nous célébrons également, le 16 Décembre, 55 ans des relations diplomatiques entre la Roumanie et la Tunisie (bien que notre coopération remonte au XIXe siècle, lorsque le premier commerce entre nos peuples a été enregistré).
Nous saisissons cette occasion pour renforcer l’évolution constante des relations d’amitié, de coopération et de solidarité entre nos deux pays. A titre spécial, je souhaiterais mentionner la visite a Tunis du Ministre roumain des Affaires Etrangères, M. Teodor-Viorel MELESCANU, les 19 et 20 Avril 2018, ou 4 accords de coopération bilatérale ont été signés.
Nous disposons d’un grand potentiel au niveau de la coopération dans le domaine de l’éducation et de l’enseignement supérieur. A l’occasion de la visite à Tunis de notre Ministre des Affaires Etrangères, nous avons inauguré le Centre de Culture et de Science de la Roumanie auprès de l’Institut Bourguiba des Langues Vivantes de l’Université Tunis El-Manar. Egalement, la Roumanie a fait un don d’ordinateurs et d’équipements informatiques pour les salles de classe de l‘Institut Bourguiba, via l’Agence Roumaine d’Aide au Développement, RoAid.
Environ 1700 étudiants tunisiens étudient en Roumanie – le plus grand nombre d’étudiants étrangers après celui des étudiants venant de République Moldave (un pays où le roumain est la langue officielle et avec lequel nous partageons un passé commun). Cette année à la fin du mois d’Octobre, le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, le Conseil National des Recteurs de Roumanie, ainsi que l’Ambassade, ont organise à la Cité des Sciences l’événement intitulé « Campus Roumanie », qui a mis les bases pour une coopération plus étroite entre les universités roumaines et tunisiennes. Ceci a contribué à une meilleure connaissance du système d’enseignement roumain par les jeunes tunisiens.
Je suis heureux de rappeler que des projets de jumelage sont déjà en cours entre diverses localités Tunisiennes (Tunis, Sfax, Bizerte, Sousse, Sidi Bou Saïd) et Roumaines (Bucarest, Timișoara, Constanța, Alba Iulia et Bran).
En même temps, je souhaite mentionner que la Roumanie a toujours soutenu la Tunisie au niveau international, notamment en ce qui concerne le renfoncement des ses relations avec l’UE et la construction d’un espace de coopération de plus en plus développée entre les deux rives de la Méditerranée. Dans ce contexte, la Roumanie salue le rôle positif joué par la République Tunisienne dans le continent africain et dans le monde arabe, ainsi qu’au sein de la Francophonie, également ses efforts pour promouvoir plus de dialogue, de coopération et de compréhension mutuelle. La Tunisie a de nombreux défis à affronter, mais nous sommes surs qu’elle aboutira car elle a l’énergie, les ressources et la détermination de le faire.
La Roumanie Centenaire réaffirme son attachement au développement de ses relations avec la Tunisie, aux principes du droit international, à la promotion du respect mutuel, à l’ouverture au dialogue et aux valeurs du multiculturalisme, caractéristiques inhérentes à notre Etat.